3e table ronde

Quelles libertés face aux pouvoirs autoritaires ?

« Le pouvoir corrompt et le pouvoir absolu corrompt absolument ». Cette formule célèbre de Lord Acton nous dit quelque chose des dérives autoritaires qui s’accomplissent sous nos yeux.

En Europe, la tendance était à l’avènement de régimes démocratiques et libéraux, après la chute des dictatures en Grèce, au Portugal et en Espagne, puis la chute du mur de Berlin, en 1989, et l’ouverture politique de la Pologne de Lech Wałęsa, de la Hongrie de József Antall et de la Tchécoslovaquie de Václav Havel. Mais ce temps de « l’ouvert » semble aujourd’hui révolu avec l’affirmation de pouvoirs autoritaires dans la Pologne des frères Kaczyński, la Hongrie de Viktor Orbán ou la Tchéquie de Václav Klaus.

Sans oublier l’ampleur des vagues nationales-populistes qui traversent désormais toute l’Europe et qui s’alimentent de la crainte des réfugiés, du refus des migrations et de la peur de l’islam politique, démultipliée par les attaques terroristes.

Une telle tendance, « illibérale », autoritaire, nationaliste et identitaire, qui menace les libertés publiques et atteint les libertés privées, est-elle toujours ascendante en Europe aujourd’hui ? Ou commençons-nous à assister à des formes de reflux et à de nouvelles ouvertures politiques ?

Longtemps la construction européenne fut un exemple, à défaut d’être un modèle, qui a attiré dans son orbite de nouveaux pays membres avec l’élargissement. Or un coup d’arrêt vient d’être marqué avec le Brexit, comme avec l’impasse du processus d’adhésion de la Turquie.

Où va la Turquie du président Erdoğan après la tentative de coup d’État de l’été 2016 et le référendum qui conforte les pouvoirs du président ? Comment défendre les libertés de la presse, d’enseigner, de penser, de créer ou de se déplacer – aujourd’hui de plus en plus menacées ?

Où va l’Égypte du maréchal Sissi après le renversement du pouvoir élu de Mohamed Morsi et l’emprise toujours plus grande de l’armée sur la société égyptienne ? Est-il encore possible de défendre les libertés ? À travers quels acteurs et dans quelles conditions ? Qu’est devenue la génération de la place Tahrir ?

Face à la montée en puissance des pouvoirs autoritaires, au sud comme au nord de la Méditerranée, existe-t-il encore des chemins possibles pour défendre voire pour étendre les libertés ?

Le respect des droits humains est-il toujours une exigence, un horizon de notre commune humanité ? Faut-il continuer à défendre l’universalité de ces droits et ne rien lâcher, face au relativisme, des discours, et face à la répression, des pratiques ?

Table ronde animée par Daniel Desesquelle, RFI
samedi 18 nov. 2017, 15h
La Criée, grand théâtre

Les intervenant·e·s