2e table ronde

Croire en l’histoire ?

Il est des récits sacrés et des récits profanes. L’histoire, dans sa philosophie au long cours, n’a-t-elle pas cherché à s’imposer voire à se substituer à notre rapport à l’Un pour dire le temps – chronos – et définir notre rapport au monde ? Histoire-récit, et même fiction, ou histoire-science, au plus près des faits et de leurs interprétations ? Ces débats, à propos de l’écriture de l’histoire, ont été largement bousculés par les négationnistes.

Les « assassins de la mémoire », comme les nomme Pierre Vidal-Naquet, ont cherché à nier le génocide des Arméniens, dans le monde turc, comme le génocide des Juifs, dans le monde européen et dans le monde arabe. Que peut l’histoire face aux génocides, face à l’ampleur de la catastrophe ? Qui peut en témoigner ? Les célébrations de la mémoire ne créent-elles pas une forme d’aveuglement, voire d’occultation, notamment entre Israël et Palestine ? Est-il possible, à travers une nouvelle lecture de l’histoire, à « parts égales », de trouver les termes d’une « juste mémoire » ?

Table ronde animée par Lucie Delaporte, Mediapart
samedi 20 nov. 2021, 10h
La Criée, grand théâtre

Les intervenant·e·s

© DR

Marc Nichanian

Écrivain, traducteur, professeur émérite d’études arméniennes, université Columbia, New York.

Marc Nichanian est un traducteur et un écrivain. Il vit actuellement à Lisbonne. Jusqu'en 2007, il était professeur d'études arméniennes à l'Université Columbia de New York, après quoi il a enseigné régulièrement comme  professeur invité à l'Université Sabanci d'Istanbul, dans le programme de Cultural Studies (2008-2014) et, plus récemment, à l'Université américaine d'Arménie (2016-2018). En langue française, il a publié Entre l'art et le témoignage (3 vol., MétisPresse, 2006-2008), La Perversion historiographique (Léo Scheer, 2006), Le Sujet de l'histoire (Lignes, 2015). Il a publié en turc Ede­biyat ve Felaket, traduction d'une série de conférences publiques prononcées à Istanbul (Ile­tişim, 2011). En langue anglaise, il a publié Mourning Philology (Ford­ham University Press, 2014) et en arménien Patker, patum, patmut'iun ] (ActualArt, 2 vol., 2015 et 2016), Nietzsche, vasn inknishkha­nu­t'ean (Nietzsche, pour la souveraineté, Inkna­gir, 2017), et T'argmanut'ean boven, Mi­chel Foucoyi serayin yent'akan (Dans le creuset de la traduction: le sujet sexuel de Michel Fou­cault, Inqnagir, 2020). Ces deux derniers textes publiés en post­face à ses traductions de Der Antichrist et du volume 1 de L'Histoire de la sexualité. Il a également traduit en arménien Maurice Blanchot et Giorgio Agamben, Homo sacer et Ce qui reste d'Auschwitz, tous deux parus en 2020. En sens inverse, il vient de publier la traduction d'un roman arménien de la diaspora, Zareh Vorpouni, Le Candidat, aux éditions Parenthèses.

En lire plus
© DR

Eyal Sivan

Cinéaste, auteur.

Eyal Sivan est cinéaste, enseignant, essayiste et chercheur indépendant et vit à Marseille. Né en 1964 à Haïfa, en Israël-Palestine, il s'installe à Paris en 1985. Sivan a réalisé plus de quinze documentaires politiques internationalement récompensés et en a produit de nombreux autres. Ses travaux cinématographiques ont été montrés dans des festivals prestigieux et ont été largement diffusés sur des chaines des télévisions et dans des salles de cinéma partout dans le monde. Ses films sont régulièrement exposés dans de grandes expositions d’art et inspirent continuellement des universitaires et des chercheurs de diverses disciplines. Parallèlement à ses activités cinématographiques et à ses recherches, il est un conférencier de  master classes et d’enseignement en Recherche artistique dans et à travers le cinéma et la pratique des médias visuels. Il donne régulièrement a travers le monde des conférences sur le conflit israélo-palestinien, le cinéma documentaire et l’éthique, la représentation des crimes politiques, l’utilisation politique de la mémoire, et plus encore. Eyal Sivan a reçu le Prix de Rome du  Ministère de la Culture et a résidé un an à la Villa Medicis à Rome. Il est le fondateur et directeur artistique de la structure de production et de distribution Momento! et membre honoraire du Centre européen d’études sur la Palestine de l’Université d’Exeter au Royaume-Uni. Il est le fondateur et le premier rédacteur en chef de South Cinema Notebooks – magazine de cinéma et de critique politique édité par le collège universitaire Sapir  en Israël où il a été professeur pendant 10 ans. Eyal Sivan a également longtemps été membre du comité éditorial de La Fabrique Éditions à Paris. Associate Professor à l’Université d’East London (UEL), ou il a codirigé le Master en cinéma, vidéo et nouveaux médias. Eyal Sivan a été le conseiller du Master cinéma de la Netherlands Film Academy, et a occupé simultanément les postes de professeur principal du master et celui de directeur de recherche en cinéma de la NFA/ Amsterdam University of the Arts (AhK). Parmi ses films État commun, Conversation potentielle [1], long métrage documentaire, 2012. Jaffa, la mécanique de l'orange, long métrage documentaire, 2009. Route 181, Fragments d'un voyage en Palestine-Israël, co-réalisé avec Michel Khleifi, long métrage documentaire, 2003. Un spécialiste, Portrait d'un criminel moderne, long métrage documentaire, 1999. Izkor, Les esclaves de la mémoire, long métrage documentaire, 1990.  

En lire plus